Dim:35cm/60cm/17cm. Distrbuteur automatique. Galerie POCTB Orléand.
Dim:35cm/60cm/17cm. Distrbuteur automatique. Galerie POCTB Orléand.
Un distributeur de capsules effervescentes (aspirine UPSA, objet de grande consommation analgésique), sérigraphiées à mon effigie, reprend les concepts et designs du mobilier urbain.
Il se dispose dans un espace public et se confond avec les autres aménagements. Le distributeur est ici utilisé comme écriture de grande consommation, une façon de proposer à chacun ce dont il n'a pas encore besoin. Miroir d'une idéologie individualiste. Pour une pièce de 0,20 Euros, on aura la possibilité d'avoir une oeuvre d'art, autoportrait d'artiste, sans un investissement conséquent.
Confrontation entre l'objet d'art, inaccessible, et l'objet de grande consommation, dédié à une catégorie sociale moins élevée. Réflexion sur la plus value, la spéculation où la valeur symbolique s'y détermine.
Les objets qui sont proposés sont de même facture (la même sérigraphie sur capsule effervescente), au nombre limité (1500 exemplaires) de même conditionnement, permet le remboursement de la totalité du montant de réalisation de la pièce.
La pièce est donc en autogestion, il suffit de l'alimenter.
Cette oeuvre est éphémère par son support sensible à l'humidité de l'air. Malgré son conditionnement, elle est dédiée à la destruction.
«Autoportrait», comme désignation de la représentation de l'artiste spécifiquement narcissique et romantique qui consiste à se prendre pour modèle.
«N'est-ce point penser à la mort que de se regarder au miroir
Ni voit-on pas son périssable?
L'immortel y voit son mortel.
Un miroir nous fait sortir de notre peau, de notre visage.
Rien ne résiste à son double.»(Valery)
Comme dans les portraits de Francis Bacon, on retrouve l'idée littéraire du XIXe siècle de décomposition du «moi». De même pour O.Wilde et «Le portrait de Dorian Gray», malédiction où chaque mauvaise pensée, action immorale défigurent son portrait peint, mais lui permet de cesser de vieillir. Où encore: la matière inerte qui se transforme en être vivant, dans la nouvelle de Gogol «Le portrait»...«Docteur Jeckyll et Mister Hyde» de Stevenson, «Le portrait ovale» de W.Wilson, le corps humain se disloque, se morcelle, le «Peter Schlemihl» de Chamisso égare son ombre.
Tous cela affirme le tiraillement continuel de l'homme. Son étonnante capacité a subir le monde qu'il crée.
Sartre prêtant qu'on ne peut être objet pour soi- même. (L'être et le néant). Je décide que mon image sera l'objet des autres. Je propose à chaque personne le désirant de démystifier ces dogmes romantiques en m'effaçant, en dilatant mon portrait, pour qu'il ne reste plus comme résultat qu'un effet médicamenteux et thérapeutique.
L'objet-support de départ, le cachet d'aspirine, dénote la possibilité d'un art qui puisse soigner les maux de l'humanité par des pensées, des actes et un style de vie.
CAPS/ 2003